Qu’est-ce que la poésie perdue, vous vous demandez ? C’est bien simple… c’est faire de la poésie dans sa tête, sur un chemin en écoutant de la musique. C’est de la poésie que l’on ne partage pas, que l’on n’écrit pas et qui tombe malheureusement dans l’oubli.
Pas de bloc-notes à portée de main
et mes stylos sont loin.
Essayer serait vain,
alors, avec espoir, je me souviens.
La plume et l’encre à la maison,
ainsi je découvre ma région.
À des kilomètres d’un clavier,
plus tard, me faudra-t-il tout rédiger ?
Serai-je capable de me rappeler,
de ne pas tout modifier,
défigurer, une fois rentré ?
Il n’en faut point douter.
Divaguer n’est pas permis,
Se concentrer est un prérequis.
Là se trouve la clé du succès mais,
plus que tout, je me dois d’observer.
La nature, ses paysages, ses traits,
la finesse de l’artiste qui l’a dessinée,
la beauté du ciel, ses nuances bleutées,
j’aime tellement les regarder.
La texture des nuages, leur vapeur blanche,
ces merveilles m’éblouissent.
Mon cœur chavire, je m’accroche à une branche,
souhaitant que les pages noircissent...
La magie de la poésie perdue,
le fondement de son existence incongrue,
est qu’elle se définit par son manque de substance,
davantage que par sa simple présence.
Vous ne pourrez la lire, je le regrette,
car non conservée, elle a fini aux oubliettes.
Perdue certes pour son lecteur,
elle ne l’était pas pour son créateur.
Celui-là l’a certainement savourée.
Chaque mot, chaque vers, chaque rime,
tout cela il l’aura pesé, apprécié,
jusqu’à cet instant ultime.
Cet instant irrévocable
où le poème a quitté ses pensées,
naissant finalement, effleurant la réalité...
et devenant insaisissable.
La poésie perdue est telle la vie,
elle naît, elle grandit puis,
naturellement, elle tombe dans l’oubli.
Vient une sombre nuit, un beau matin.
Elle s’éteint ainsi tel l’humain
s’endormant à la croisée des chemins.